Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/32

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bler par ses haillons, et sans doute, par quelques-unes de ses pratiques, aux youtres les plus conspués de Buda-Pesth ou d’Amsterdam, l’imagination d’un Prométhée n’aurait pu découvrir en lui le moindre linéament archaïque.

Le surnom de Schylock, décerné par de subalternes imprécateurs, révoltait comme un blasphème, tellement cet avare n’exprimait que la platitude ! Il n’avait de terrible que sa crasse et sa puanteur de bête crevée. Mais cela encore était d’un modernisme décourageant. Son ordure ne lui conférait la bienvenue dans aucun abîme.

Il ne réalisait, en apparence, du moins, que le Bourgeois, le Médiocre, le « Tueur de cygnes », comme disait Villiers, accompli et définitivement révolu, tel qu’il doit apparaître à la fin des fins, quand les Tremblements sortiront de leurs tanières et que les sales âmes seront manifestées au grand jour !

S’il pouvait être innocent de prostituer les mots, il aurait fallu comparer M. Pleur à quelque horrible prophète, annonciateur des vomissements de Dieu.

Il semblait dire aux individus confortables que dégoûtait sa présence :

— Ne comprenez-vous pas, ô mes frères, que je vous traduis pour l’éternité et que mon impure carcasse vous reflète prodigieusement ? Quand la vérité sera connue, vous découvrirez, une bonne fois, que j’étais votre vraie patrie, à tel point que, venant à