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Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/47

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faisait un fréquent usage, ― et s’était généreusement acharné à la plus intensive culture des vers.

Je crus, dans le temps, qu’il n’était pas tout à fait indigne de pincer la lyre et, si ma mémoire est fidèle, ce fut l’opinion de quelques autorités.

Dieu sait ce que j’en pourrais penser aujourd’hui ! Mais la vie est si courte, hélas ! et de durée si peu certaine, que je craindrais vraiment d’élimer le tissu précieux de mon existence en recherchant, sous les poussières accumulées de vingt-cinq ans, les deux ou trois recueils oubliés qu’il publia.

J’ajoute qu’en supposant même du génie à ce disparu, nul poème écrit de sa main ne pourrait encore égaler l’inégalable poème de la nuit que nous passâmes ensemble chez lui, rue de Fleurus, quatre jours avant sa terrible mort, et qui ne fut pas, ― je vous prie d’en être inébranlablement persuadés, ― une nuit d’amour.



Trois passions fauves habitaient en lui. Les petites femmes, les grands vers, et le désir de la gloire.

Chacune d’elles ayant les caractères indéniables du paroxysme, je n’ai jamais bien compris comment elles pouvaient subsister ensemble et surtout la première avec les deux autres.

C’était une chose funèbre que l’emportement de