Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/83

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sous leurs pas, qu’ils durent plusieurs fois changer de quartier.

Les bonnes gens s’attendrissaient à voir passer ces quatre hommes tristes, ces esclaves enchaînés de la Sottise, vêtus de la même manière et marchant du même pas, qui avaient l’air de porter leurs âmes en terre et que surveillaient attentivement les sergots pleins de soupçons.

Cela devait naturellement finir par un drame. Un jour, le combustible Théodore devint amoureux.

On avait aussi peu de relations que possible, mais enfin, on en avait. Une jeune fille que Dieu n’aimait pas crut bien faire en épousant un gentilhomme dont les armoiries embellissaient très certainement la cathédrale d’Albi ou la cathédrale de Carcassone.

Il est bien entendu que je ne raconte pas l’histoire infiniment compliquée de ce mariage qui modifiait, de la manière la plus complète et la plus profonde, l’existence mécanique de nos héros.

Dès les premières atteintes du mal, Théodore, fidèle au programme, ouvrit son cœur à ses trois amis, dont la stupeur fut au comble. D’abord, Théophraste exhala une indignation sans bornes et répandit, en termes atroces, le plus noir venin sur toutes les femmes sans exception.