Page:Bloy - Je m'accuse, La Maison d'Art, 1900.djvu/98

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ment pâlir ; quelle ne serait pas l’indignation du fier travailleur normand, s’il vivait encore pour être le témoin de cette vacherie !

Oui, je demande cela avec tranquillité, avec humilité, avec la résignation douloureuse d’un solliciteur sans espoir… Silence !


10. — L’immonde feuilleton, interrompu, deux jours, par la première audience du procès Dreyfus à Rennes, continue.

Certes l’impudence et la sottise de Zola sont, désormais, peu capables de me surprendre, mais, il faut l’avouer, je reçois une secousse, une petite secousse, dirait Barrès, en relisant, tout de suite, la phrase que j’ai citée du dernier feuilleton. La même, l’identique, la sempiternelle phrase, infatigablement servie aux admirateurs d’Urbain Gohier et de Pressensé, depuis environ deux mois, c’est-à-dire à chaque naissance dans la maison de Matthieu, l’homme fécond qui ne s’arrête pas une minute — fût-ce pour lire Zola ! — d’engendrer, de fertiliser, de moissonner, d’engranger, d’acquérir des terrains, de pratiquer la vertu, de « capter des sources » et de répandre des lieux communs.