Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surhumaine. Du côté des femmes, cependant, les plus hautes bégueules eussent été forcées de reconnaître, au cours de leurs anathèmes, que Gacougnol avait fait à peine son devoir et que ses dons, quels qu’ils fussent, — en supposant même la magnificence de plusieurs califes, — n’auraient jamais pu être qu’une défectueuse et insuffisante offrande.

Les femmes sont universellement persuadées que tout leur est dû. Cette croyance est dans leur nature comme le triangle est inscrit dans la circonférence qu’il détermine. Belle ou laide, esclave ou impératrice, chacune ayant le droit de se supposer la Femme, nulle n’échappe à cet instinct merveilleux de conservation du sceptre dont la Titulaire est toujours attendue par le genre humain.

L’affreux cuistre Schopenhauer, qui passa sa vie à observer l’horizon du fond d’un puits, était certes bien incapable de soupçonner l’origine surnaturelle du sentiment dominateur qui précipite les hommes les plus forts sous les pieds des femmes, et la chiennerie contemporaine a glorifié sans hésitation ce blasphémateur de l’Amour.

De l’Amour, assurément, car la femme ne peut pas être ni se croire autre chose que l’Amour lui-même, et le Paradis terrestre, cherché depuis tant de siècles, par les dons Juans de tous les niveaux, est sa prodigieuse Image.

Il n’y a donc pour la femme, créature temporairement, provisoirement inférieure, que deux aspects, deux modalités essentielles dont il est indispensable que l’Infini s’accommode : la Béatitude ou la Volupté. Entre les deux,