Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/226

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venaison et tous les rythmes appartinrent à la Luxure. Les lignes rigides que la droiture du Moyen Âge avait attribuées aux représentations extra-corporelles des Martyrs, aussitôt brisées, s’incurvèrent, suivant la loi indisponible des mondes, qu’un enfantillage sublime avait un instant domptée, et devinrent les rinceaux de l’autel de Pan. C’est là, je pense, que nous en sommes tout à fait.

Que serait-il arrivé du Christianisme si les images même les plus sacrées étaient autre chose que des accidents de sa substance ? Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas confié sa Barque à des magnifiques. Le monde a été conquis par des gens qui ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche, et il y eut des peuples gouvernés avec sagesse par des Clairvoyants qui n’avaient jamais rien vu de ce qui grouille sur la terre. Pour ne parler que de la musique, la mélodie la plus somptueuse est au-dessous du silence, lorsqu’intervient le Custodiat animam meam de la communion du Prêtre. L’essentiel c’est de marcher sur les eaux et de ressusciter les morts. Le reste, qui est trop difficile, est pour amuser les enfants et les endormir dans le crépuscule.

Toutefois, l’Église, qui connaît parfaitement l’homme, a permis et voulu les Images, dans tous les temps, à ce point qu’elle a mis sur ses autels ceux qui donnèrent leur vie pour cette ossature traditionnelle de son culte, mais sous la réserve absolue d’une vénération surnaturelle strictement référée aux originaux invisibles que