Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/297

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hagarde, ayant la sensation d’une griffe dans ses cheveux, mais craignant de partager ce hors-d’œuvre d’agonie avec son malheureux homme, elle fit venir un prêtre de la paroisse pour bénir la maison.

« Pax huic domui et omnibus habitantibus in ea… Seigneur, tu m’arroseras avec l’hysope et je serai net ; tu me laveras et je serai blanchi plus que la neige. Exauce-nous, Seigneur saint, Père tout-puissant, éternel Dieu, et de tes cieux daigne envoyer ton saint ange pour qu’il garde, réchauffe dans son sein, protège, visite et défende ceux qui résident en cet habitacle. Par le Christ Notre Seigneur. »

La nuit qui vint sur cette bénédiction fut paisible, mais celle d’après, ah ! Jésus très obéissant qui sortîtes de la mort et du tombeau, quelle épouvantable nuit !

Un cri inhumain, un croassement de supplicié par les démons mit la pauvre femme sur son séant, yeux dilatés, dents claquantes, membres disloqués par le tremblement et cœur poussé, comme le battant d’une cloche d’alarme, contre les parois de ce flanc qui avait porté un enfant de Dieu. Elle se jeta au berceau de son fils. L’innocent n’avait pas cessé de dormir et la clarté pâle de la veilleuse le montrait si pâle qu’elle chercha son souffle.

Elle fut alors frappée de cette circonstance qu’il dormait trop depuis une semaine, qu’il dormait presque continuellement et qu’il avait toujours froid aux pieds. Comprimant une crise de sanglots, elle le prit très doucement dans ses bras et le porta près du feu.