Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/127

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Jésus en agonie, et que leur vie est une perpétuelle oraison de l’Église universelle. La consolation du Seigneur est à ce prix et la Force des martyrs défaillerait peut-être, tout à fait, sans l’héroïsme de ces vigilants infatigables !


XXX


Marchenoir essayait de prier avec eux et de recueillir sa pauvre âme. Le surnaturel victorieux déferlait en plein dans son triste cœur, aux battants ouverts. Les yeux de sa foi lui faisaient présentes les terribles choses que les théologiens et les narrateurs mystiques ont expliquées ou racontées, quand ils ont parlé des rapports de l’âme religieuse avec Dieu dans l’oraison.

Un ancien Père du désert, nommé Marcelle, s’étant levé une nuit pour chanter les psaumes à son ordinaire, entendit un bruit comme celui d’une trompette qui sonnait la charge et, ne comprenant pas d’où pouvait venir ce bruit dans un lieu si solitaire, où il n’y avait point de gens de guerre, le Diable lui apparut et lui dit que cette trompette était le signal qui avertissait les démons de se préparer au combat contre les serviteurs de Dieu ; que s’il ne voulait pas s’exposer au danger, il allât se recoucher, sinon qu’il s’attendît à soutenir un choc très rude.

Marchenoir croyait entendre le bruit immense de cette charge. Il voyait chaque religieux comme une