Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/136

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quescence du catholicisme, les puissants moralistes du libre examen et les coryphées littéraires du débraillement, tous les démantibulés corybantes de l’art moderne et tous les intègres épiciers d’un voltairianisme ennemi de l’art, ont, d’une commune voix, approuvé le cénobitisme des religieux de la Trappe et de la Chartreuse. Ces politiques étant fermement persuadés que le catholicisme doit, dans un temps prochain, être balayé de la civilisation comme une ordure, il leur semble convenable d’en user miséricordieusement avec lui et de ne pas désespérer les imbéciles qui y tiennent encore, en ne leur accordant absolument rien. On leur accorde donc ces deux Ordres. Un jeune porte-lyre de récente célébrité, Hamilcar Lécuyer, avait dit un jour à Marchenoir qu’il ne concevait pas qu’avec sa foi, il osât rester dans le monde, le menaçant d’en douter s’il ne courait à l’instant s’ensevelir à la Trappe. L’hirsute lui répondit par le conseil d’éloigner de lui sa personne et de s’en aller à tous les diables.

L’existence de ces lieux de refuge est encore utile, pour d’autres raisons, à ces tacticiens du champ libre. Dans leur ignorance invincible de la profonde solidarité du christianisme, ils pensent qu’un genre de vie d’une austérité proverbiale est à opposer à d’autres Ordres moins rigoureux approuvés par l’Église et, par conséquent, à l’Église elle-même. Les pauvres gens qui ne savent rien du christianisme ni de son histoire, bâfrent goulument cette bourde énorme.

Qu’on ne leur parle plus de ces cauteleux enfants de Loyola, ni de ces Dominicains sanguinaires qui voudraient rétablir l’Inquisition, ni de ces Ca-