leuses, de la bile d’assassin poltron et malchanceux, d’inexprimables moisissures coulantes et des excréments calcinés. Alors, on avait crié au prodige. Les redondances clichées et la frénésie piquée des vers de ses Chants sacrilèges avaient paru suffisamment eschyliennes à une génération sans littérature, qui n’a pas assez de langue dans sa gueule de bête pour lécher les pieds de ses histrions.
Prostitué publiquement à une comédienne cosmopolite, devenu lui-même acteur et jouant ses propres pièces en plein théâtre du boulevard, il avait fini par poser sur sa tête crépue d’esclave nubien, une couronne fermée de crapule idéale et de transcendant cynisme, dont Marchenoir discerna, dès le premier jour, la fragilité et la basse fraude.
Réalité misérable ! Ce bateleur n’est pas même un bateleur. Il n’y a pas en lui la virtualité d’un vrai sauteur, sincèrement épris de son balancier. Il suffit de gratter ce crâne fumant, pour en voir jaillir, aussitôt, un romancier-feuilletoniste de vingtième ordre. C’est un bourgeois masqué d’art, très opiniâtre et très laborieux, mais aspirant à se retirer des affaires. La vile prose de son mariage avait éclairé bien des points obscurs, et la langue des vers de ce Capanée de louage — langue piteuse et pudibonde, jusque dans le paroxysme du blasphème, — trahit assez, pour un connaisseur, l’intime désintéressement professionnel du blasphémateur, qui n’a choisi le paillon de l’impiété que parce qu’il tire l’œil un peu plus qu’un autre et qu’il fait arriver un peu plus de ce désirable argent, que le pur bourgeois recueillerait, avec sa langue, dans les boues vivantes d’un charnier !