Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/330

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vaient pas promise, mais que la vilenie de son âme lui fit obtenir d’emblée.

Ce masturbateur a pour spécialité d’attaquer les gens qui ne peuvent pas se défendre. Il fit cette prouesse d’envoyer au frère Philippe le premier exemplaire de son punais roman, où le public est informé que les frères de la Doctrine chrétienne furent institués à l’unique fin de pourrir l’enfance.

Lâche évident, chourineur probable, empoisonneur par principes, mais incendiaire frigide, il offre à l’observateur la lividité sébacée d’un homme sur le visage duquel on aurait pris l’habitude de pisser…

Jules Dutrou, le moins jeune de ces têtards, donne l’idée d’une vipère qui serait devenue renard, tout exprès pour succomber aux atteintes d’une inexorable alopécie. Ce croûte-levé s’est fait journaliste pour avoir des femmes, malgré sa pelade et sa calvitie. Il chroniquaille dans une feuille de boulevard renommée pour le néant exceptionnel de ses virtuoses, et distribue sur l’asphalte des sourires à ressort et de dangereuses pressions de sa main suspecte.

Sa voix est celle d’un châtré de naissance, qui n’a jamais eu besoin d’aucune chirurgie pour devenir chanteur et qui porte ses cisailles dans son cerveau.

Dutrou se juge écrivain et parle quelquefois avec un équitable mépris des « voyous de lettres ».

Un jour, quelqu’un nomma Chlodomir Desneux à un romancier célèbre. Il s’agissait d’obtenir de ce pontife tout-puissant alors au Voltaire, qu’il y poussât le débutant rongé de misère, disait-on, et intéressant à tous les points de vue. Le maître se laissa toucher et parvint à imposer au directeur