Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/398

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clusivement faite pour engloutir des ordures et pour lécher les semelles du premier maître venu qui ne craindra pas de décrotter sa chaussure à ce mascaron vivant.

« Et c’est tout. Il n’y a pas de menton. La lippe pendante de ce gâteux de demain ne recouvre rien que le fuyant dessous d’entonnoir de son museau de poisson, qui disparaît ainsi, pour notre subite consternation, dans le plus ridicule accoutrement de cuistre sordide qu’on ait jamais rencontré sur nos boulevards !



« Le moral du sire est en harmonie parfaite avec le physique. Sa vie, dénuée de toute péripétie juponnière, — pour l’excellente raison d’un hermaphrodisme des plus frigides, — est aussi plate que celle du premier cabotin venu, dont la carrière aurait été sans orages.

« Albert Wolff est né Juif et Prussien, à Cologne, dans les bras de la grand’mère de Béranger.

« Parvenu à l’âge viril, — pour lui dérisoire, — on le trouve copiste d’actes chez un notaire, à Bonn, mêlé aux étudiants de l’Université, dont il partage les études de physiologie.

« Il s’amuse même, dit son biographe, à décapiter des grenouilles, — en attendant celles, qu’en des jours meilleurs, il devra manger.

« Puis, la vocation littéraire s’allumant tout à coup en lui, comme une torche, il écrit Guillaume le Tisserand, conte moral qui fit pleurer des familles, assure-t-on.

« Seulement, ces choses se passaient en Prusse et