Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/400

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relate le succès d’argent de cette honorable brochure : les Mémoires de Thérésa, écrits par elle-même, mémoires inventés par Wolff, en collaboration avec Blum et Peragallo, et quels lyriques accents désolés, quand sa conscience implacable le force à mentionner une perte de jeu de cent quatre-vingt-quinze mille francs !

« Cette catastrophe, arrivée en 1877, fut, sans doute, pour beaucoup dans la vocation de Salonnier de l’hermaphrodite du Figaro.

« Il avait, une minute, pensé au suicide, mais il se tint ce raisonnement lucide, qu’après tout, il serait bien imbécile de se faire périr, comme un vulgaire décavé, quand il avait sous la main la riche mamelle de la vache à lait d’un Salon sincère.

« La Fortune recommença donc à rouler vers lui, à dater de cette réflexion salvatrice.

« Il devint très puissant, sa sincérité prussienne n’ayant plus de bornes et, du même coup, le malheur ayant fait tomber les squames qui enténébraient son génie, le simple pitre qu’il avait été jusque-là, fit enfin place au grand moraliste, que consultent, avec respect, les magistrats les plus sévères et qui tient l’humanité contemporaine sous son arbitrage !



« Telle est sa dernière et, probablement, définitive incarnation. Albert Wolff crèvera dans la peau d’un moraliste révéré.

« Nous en sommes venus à ce point.

« Ce semblant d’homme, raté même comme eunuque, ce bas-bleu germanique, — suivant l’expression