Aller au contenu

Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
HISTORIQUE DE LA CAUSE

Voilà ce que rapporte l’ingratitude. Je n’ajouterai pas mes réflexions à ces lignes terribles par lesquelles j’ai voulu finir. Il doit suflre de rappeler à tous les chrétiens qui aiment encore « la charité, la vérité et la justice », que le 12 octobre 1892 arrivera le quatrième séculaire de la découverte. Il est aisé de prévoir qu’avec la fureur d’adoration qui possède ordinairement les peu-


    sante renommée. Le 22 juin 1839, une société démocratique d’ouvriers turinois, au nombre de plus de 600, vint à Gênes pour célébrer l’anniversaire de ! a naissance de Mazzini, patriarche et pontife des assassins, qu’ils appellent l’Apôtre, il apostolo, comme s’il s’agissait de saint Paul ou de saint Audré. Vu à une certaine distance, ce pèlerinage impie et grotesque étonne singulièrement. On pourrait conjecturer tout d’abord que la patrie de sainte Catherine a dû faire à ces incroyables dévots l’accueil qui leur convenait et qu’elle les a simplement congédiés avec ignominie. C’est le contraire qui est arrivé. Une partie de la municipalité est venue au devant d’eur, bannières et musique en tête. Les maires de Gênes et de Turin se sont réciproquement congratulés. Une immense allégresse maçonnique s’est répandue sur la cité. Les frères et les amis se sont ouvert leurs âmes les uns aux autres. Une extraordinaire ferveur s’est rallumée en ce jour pour la révolution et contre Dieu. Alors on est allé déposer des guirlandes de bronze sur la tombe de Mazzini et sur le monument de Christophe Colomb. Ces deux hommes ont été ainsi réunis et confondus dans la même apothéose. Le disciple du Verbe incarné, le sublime Porte-Croix de la mer Ténébreuse, le doux patriarche des missions transatlantiques, à reçu dans sa propre patrie le même infâme honneur que l’odieux mystagogue des coupe-jarrets politiques. Celui-ci a été déclaré son égal en mérite, en gloire, en apostolat, et je n’ai pas appris qu’une seule voix indignée se soit élevée pour la justice au milieu de ce diabolique concert. Le lendemain, 23, une fête nouvelle a rassemblé ces énergumènes au théâtre du Politeama et, au moment où l’Église universelle chantait les premières vêpres de la Nativité du Précurseur de Jésus-Christ, la franc-maçonnerie des deux cités italiennes, convoquée en cet auguste endroit pour célébrer la nativité de son plus grand homme, a fait entendre de nouveaux discours où les noms de Mazzini et de Colomb s’entrelaçaient amoureusement pour la plus grande jubilation de ce noble peuple qui sait glorifier comme cela l’héroïsme de ses enfants !