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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/131

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III

LA COLOMBE PORTANT LE CHRIST ! Columba Christum ferens ! Aucune chose en ce monde n’est livrée au hasard, et la divine Providence n’est nullement étrangère aux noms que, doivent porter les chrétiens jusqu’à leur dernière heure, et sur lesquels ils seront crucifiés au exaltés selon le caprice de l’inconstante populace humaine. Presque toujours nos noms enveloppent et déterminent nos destinées. Même au point de vue surnaturel, il n’est certes pas indifférent de nattre Bourbon ou de naître Turcaret. Ce que l’on appelle la lignée n’existe pas seulement sur les parchemins aristocratiques ou sur les registres de l’état civil, c’est surtout une réalité dans nos âmes. C’est une réalité psychologique des plus pressantes et des plus invincibles. C’est un décret providentiel dont le quatrième commandement nous montre assez clairement la portée véritable dans le temps et dans l’éternité. Patrimoine d’honneur ou de honte, la vie morale en dépend à un tel point que le symptôme le plus évident de notre abaissement démocratique est précisément la négation de ce signe naturel de la solidarité des familles.