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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/142

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

retirer de leur docte bavardage[1]. À l’âge de quatorze ans il était déjà marin et il le fut toute sa vie. Un précoce amour mystique de la nature qui le portait à la contemplation des œuvres divines et un secret instinct de découvertes géographiques lui firentpréférer la mer aux travaux sédentaires et monotones de sa famille. Des hommes de son nom et de son sang s’étaient d’ailleurs illustrés dans la marine militaire. « J’entrai tout petit à la mer, écrivait-il dans sa vieillesse, pour m’adonner à la navigation et j’ai continué jusqu’à ce jour. Cette carrière porte qui la suit à vouloir pénétrer les secrets de ce monde… Quoique je sois un très grand pécheur, la compassion et la miséricorde de Notre-Seigneur que j’ai toujours implorées, couvrant mes fautes, m’ont tout à fait comblé. J’ai trouvé la plus suave consolation

  1. L’antique Université de Pavie, au bout de quatre siècles, s’est enfin avisée de la gloire de Christophe Colomb. Cette vieille mère s’est souvenus du plusillustre de tous ses fils et s’est décidée à lui élever un monument en vue d’éterniser le souvenir des deux ou trois années pendant lesquelles elle allaita l’enfance du vainqueur de la mer Ténébreuse. Je ne connais pas la valeur esthétique de ce monument. Les universités italiennes ne sont pas des princesses d’Este ou de Médicis, et, d’ailleurs, le temps actuel n’est pas à la magnificence. Je sais seulement qu’un buste de Colomb surmonte un reliquaire de marbre, au centre duquel se trouve enfermée une parcelle des ossements de l’Amiral, offerte par S. Exc. l’archevêque de Santo-Domingo. L’inauguration de cette effigie a eu lieu le 18 juin 1882.

    Quelque misérable que puisse être cette fête au point de vue de la gloire catholique de Colomb, elle a, du moins la valeur d’un témoignage à ajouter à une multitude d’autres en faveur du plus sublime des Méconnus, après plus de trois siècles d’obscurcissements et d’iujustice. C’est quelque chose comme le retour de la conscience humaine prodigue. Cet événement de peu de portée aura ceci d’heureux qu’il servirs à fxer authentiquement un point contesté de La vie du grand homme. Les moindres particularités deviennent des choses très graves aux yeux de l’Église, quand il s’agit de la canonisation d’un saint.