Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

À ce moment, l’adolescente Espagne, morcelée naguère en une demi-douzaine de souverainetés séparées, commençait sa prodigieuse existence de nation et tendait à devenir cette toute-puissante monarchie, la plus opulente de l’univers, qui devait, cinquante ans plus tard, ceindre toute la terre de ses deux bras étendus en forme de croix. Sous le nom de Renaissance, un paganisme enivrant s’abattait sur les peuples de Jésus-Christ. De grands changements s’opéraient en Europe, des déplacements inouis de civilisation menaçaientla sécurité universelle et faisaient trembler pour la robe sans couture de la Papauté. Constantinople venait de succomber et Luther allait naître. La plus triomphante pourvoycuse de l’Hérésie, l’Imprimerie était découverte. En Angleterre, la race funeste des Tudors était victoricuse : en France, la boueuse orgie des derniers Valois allait commencer. Un pressentiment universel annonçait l’accomplissement prochain de quelque immense Décret.

Isabelle la Catholique, accablée de sa guerre d’expulsion contre les Maures et des soins infinis de l’admi-

9