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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/164

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

tion et aurait eu le droit de contresigner la Genèse, la certiflant véritable. Le premier historien de l’Ancien Monde a été justifié par le premier narrateur du Nouveau. Grâce à Colomb, la science a pu constater depuis lors l’exactitude du récit de Moïse et avouer que, sur aucun point de la Terre, l’auteur du Pentateuque n’avait reçu un démenti. »

Un Jésuite, le P. Acosta, dans son Histoire naturelle et morale des Indes, reconnaît que divers passages d’Isaïe, entre autres le chapitre lxvi, peuvent s’appliquer à la découverte des Indes et dit : « Plusieurs auteurs très doctes déclarent que tout ce chapitre est entendu des Indes. »

Selon le témoignage même de l’Écriture[1], Isaïe paraît avoir eu, plus que tout autre prophète de la loi d’attente, la vision des derniers temps. Pour cet immense témoin de l’avenir dont la parole est si souvent invoquée dans l’Évangile, les trente-trois années de la présence visible de Dieu et la Passion même ne sont que des halces sublimes, des interruptions soudaines et courtes de son victorieux regard en voyage vers « les choses vachées et sempiternelles ». Cet aigle d’entre les aigles s’envole éperdüment et à jainais, sans pouvoir être arrêté par la barrière d’aucun temps ni la solitude ténébreuse d’aucun espace, et son vol de trois mille ans, — inépuisable comme celui de l’autre aigle nourri dans Patmos, — est, à cette heure, aussi vigoureux et aussi adolescent qu’au jour où il prenait son essor. Les générations auront beau se multiplier et les empires se rompre dans le cirque immense de l’histoire, tout ce que

  1. Ecoli, xlviii, 27.