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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/169

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VII

« Le commandement, a dit le P. Faber, rend les hommes profonds plus humbles que l’obéissance. » Cette remarque du grand observateur ascétique va prendre une étrange valeur, si on l’applique à notre héros. Christophe Colomb fut humble trois fois, en une manière correspondante à la triple couronne terrestre du Vicaire de Jésus-Christ. Il fut humble comme père, comme roi, comme prophète ; c’est-à-dire comme exerçant tout commandement et toute autorité : car il offrit, un moment, le seul exemple historique d’un homme sur qui portait l’avenir de tous les peuples et qui était le coadjuteur immédiat de Dieu. À cause de cette vocation unique, il fut humble en une manière unique et comme personne ne le sera vraisemblablement jamais, tant que durera le règne de Celui qui s’est appelé l’Homme des douleurs[1]. Il fut tellement humble que l’ingratitude et la calomnie parurent avoir tout à fait raison contre ce diffamé silencieux qui

  1. Quanto magnus es, humilia te in omnibus, et coram Deo invenies gratiam. » Eccli. iii, 20.