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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/205

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XI

Le 10 septembre 1877, un événement extraordinaire qui émut un instant la curiosité humaine dans les deux hémisphères, se produisait en Amérique. Les restes mortels de Christophe Colomb, qu’on supposait enfermés depuis 1796, dans la cathédrale de la Havane, furent retrouvés tout à coup dans celle de Saint-Domingue. Une tradition constante, relative à la présence des reliques du grand Amiral, subsistait depuis quatre-vingts ans dans cette terre qu’il avait si chèrement aimée et que, suivant son fler langage, il avait, « par la volonté de Dieu, acquise à l’Espagne en suant le sang ». D’anciens habilants de Saint-Domingue se refusaient à croire que le désir, formellement exprimé dans son testament, d’être inhumé dans ce lieu, eût été déçu comme l’avaient été, de son vivant, tous les autres désirs de cette colombe amoureuse qui ne trouva pas, sur notre fange, une seule place où reposer ses faibles pieds trempés d’éther et qui finit par s’échapper loute saignante dans le ciel !

Mais, du côté de l’Espagne, a surprise et l’incrédulité