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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

qu’une soixantaine d’Alexandres. En même temps, il est insatiable, comme il convient qu’il le soit, puisqu’il sait qu’il n’a que quelques misérables siècles pour s’approvisionner de damnés dans son enfer sempiternel. Seconde raison plus pressante pour qu’il ne néglige rien et ne laisse rien à glaner derrière lui à la céleste pitié des anges.

Enfin, il est l’Immonde et, comme tel, il choisit toujours ce qui lui ressemble, c’est-à-dire l’ordure la plus alambiquée et l’infection la plus savante. Le reste n’est nullement méconnu, mais repoussé dans l’accessoire. L’objet de sa parfaite dilection est l’ordure parfaite, l’ordure de l’âme qui tombe dans le domaine du sensible et qui devient matérielle. Le Prince du Mal s’y baigne, il s’y vautre avec délices, elle est sa fille bien-aimée et il s’y complaît infiniment. Aussi la Pureté, ce miroir ardent par lequel il est consumé de sa propre image, lui est-elle en horreur et tous les moyens lui sont bons pour l’obscurcir. L’abbé Sanguineti, le négateur fervent et infatigable de la pureté de Colomb, pourra reconnaître ici, sans aucun effort, quelques-unes de ces attenances mystérieuses dont je me proposais de lui donner l’évidence.

Il y en a d’autres encore. Le Diable est surtout un avocat. Tous les mystiques qui en ont parlé nous le montrent plaidant contre nous devant Dieu. Le livre de Job nous dévoile ce rôle de Satan qui doit se prolonger avec les mêmes formules jusqu’à la fin des temps contre tous les justes possibles. Le Diable, en tant qu’avocal, a de grandes prétentions à l’équité historique. Il a ceci de commun avec beaucoup d’autres avocats, qui ne le valent certes pas, qu’il se présente