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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/347

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APPENDICES

« Cependant, malgré leur circonspection, tous s’accordent sur un point : Christophe Colomb assistait au combat sans y prendre part. Il n’y figurait pas Comme chef militaire. Son frère, Don Barthélemy, seul, exerçait le commandement, L’archichronographe impérial, Oviedo y Valdez, ne nomme pas même Colomb ; et tous les autres historiens des Indes reconnaissent que l’Adelantado seul dirigea l’action. L’historiographe royal de Castille dit expresséinent que l’affaire fut conduite par l’Adolantado. Mais dans la crainte de déplaire au suprême conseil des Indes, n’osant rapporter franchement la tradition locale qui était si précise et si claire, Herrera cssaye d’expliquer ce succès, à peine croyable, d’une façon moins croyable encore. « L’armée, réunie sous les ordres de Manicatex, dit-il, était composée d’environ cent mille hommes. L’Adelantado les alla attaquer, et les entoura si adroitement avec son infanterie, sa cavalerie et ses chiens, qu’en peu de temps il les mit tous en déroute[1]. »

« Entourer l’ennemi, c’est l’envelopper. Comprend-on comment deux cent vingt hommes, adroitement ou non, peuvent en entourer cent mille ?… Quelle élasticité de bras et de jambes ! D’après la proportion du nombre, chaque Espagnol aurait dû faire face à cinq cents indigènes environ.

« Il est certain que cette victoire n’est pas explicable militairement. Les vainqueurs ne n’en sont point attribué le mérite. On n’en a pas fait honneur à l’Adelantado. La vanité castillane n’a jamais décrit avec complaisance ce fait d’armes le plus grandiose des annales guerrières. Il n’a été pleinement apprécié, célébré et éternisé que là même où il s’accomplit. Cet événement n’a pas été nommé une victoire, mais un miracle ! et les colons aussi bien que les indigènes

  1. Herrera, Histoire des voyages et conquêtes des Castillans liv. II, ch. xvii.