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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/54

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

qui donc y penserait, dans ce siècle ennemi de la grandeur, si l’Église, toujours pleine de mémoire et toujours grande, n’y pensait pas ?…

L’Église catholique qui est l’Impératrice de l’Orient et de l’Occident et qui porte dans son nom l’universalité de son droit, n’oublia jamais personne ; mais ellese souvient plus particulièrement, plus profondément et avec une dilection plus fervente de ceux de ses fils qui l’ont dilatée et qu’elle dilate à son tour en les honorant sous le vocable douze fois auguste d’Apôtres.

« Y eut-il jamais, dit l’historien de Christophe Colomb, un homme plus grand que celui qui n’imita personne et que personne ne pourra imiter pendant la durée du globe ? » Christophe Colomb découvrant le Nouveau Monde, c’était comme s’il eût dit à l’Église : « Mère bien-aimée, je vous donne, au Nom de Jésus-Christ, la moitié de la terre. Je vous donne des millions d’âmes que j’ai enfantées au Salut et qui sont les fleurs infiniment douloureuses de mes entrailles spirituelles. Je vous les confie à jamais pour qu’elles soient replacées dans la vérité d’où elles tombèrent, comme les anges infidèles, il y a tant de siècles. Ce sont là les Enfants-Trouvés de l’Amour divin dont je suis le Messager et que je symbolise dans mon nom. » — « Embrasse ces enfants et enveloppe-les de tes bras maternels, dit le Seigneur, jusqu’à ce que je vienne et que je leur fasse miséricorde, parce que mes fontaines surabondent et que ma grâce est inépuisable[1]. »

C’était encore comme s’il eût dit à l’esprit humain : « Je double l’étendue de ton héritage et j’agrandis in-

  1. Esdras, lib. IV, cap. ii, p. 32.