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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/96

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

gissant tout à coup par la volonté d’un pape et malgré les efforts diaboliques d’une multitude d’imbéciles épouvantés d’un tel signe, au moment précis et providentiel où la splendeur obscurcie du catholicisme a tant besoin de ce réconfort de magnificence !

L’infatigable Postulateur après avoir, dans son Histoire de Colomb, raconté l’Odyssée chrétienne de celui qu’il nomme le Messager de l’Évangile, va nous montrer maintenant l’horrible dessous ténébreux de ce drame immense où les Anges pleurants ont pu contempler l’abominable victoire des puissants écrasant un Pauvre qui était l’ami de Dieu. On pourra désormais suivre, fil à fil, la trame savante de ce tissu d’iniquités qui commence au premier succès du Héros chrétien et qui ne tend à rien moins qu’à la ruine totale et sans remède des plus grandioses conceptions que l’amour d’un homme ait jamais enfantées.

L’historion indigné et implacable ne se contente pas de ce tourbillon de crimes et de mensonges qui submergèrent comme des ondes l’Envoyé de Dieu ; il nous fait enjamber son cercueil et nous force à tâter dans les ténèbres les sépulcres oubliés de sa race descendue tout entière dans le même gouffre. Certes ! il convient à Dieu que la vérité et la justice aient enfin leur tour et que l’hypocrisie, même séculaire, soit une bonne fois démasquée, pour que cette terre qu’il a faite ne ressemble pas décidément à quelque Panthéon sinistre à la porte duquel une main de l’Abîme aurait écrit ces mots avec le sang des saints : Ici on assassine les grands hommes !

La terre n’a jamais aimé ceux qui la dominent, ceux qui planent, qu’ils soient aigles ou colombes. « Elle