Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/109

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Mais où le mystère devenait intolérable complètement, c’était à l’idée que ce moment unique, désiré faméliquement, depuis tous les âges, par l’universalité des créatures, dépendait encore et toujours de ces mêmes Juifs, créanciers inexorables de l’Esprit-Saint, qui mettaient opposition sur le Sang du Christ.

Les siècles avaient coulé comme de l’eau et les générations vivantes s’étaient empilées sur les générations mortes. On avait beau produire des titres ou des cédules paraphés de ce précieux Sang et contresignés du sang de tous les Martyrs ; on ne rencontrait jamais que l’odieux visage de ces usuriers du Consolateur et la magnificence de Dieu restait close.

C’est en ce sens que les Juifs, si durement opprimés par les adorateurs de la Croix, faisaient couler en revanche tant de pleurs chrétiens derrière eux, et de si terribles pleurs qu’on aurait pu croire vraiment que la Mer rouge s’était élancée à leur poursuite… et c’est pourquoi l’Église avait le courage de prier pour eux d’un cœur déchiré.