Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/161

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Identité perpétuelle en la profondeur de ces Textes saints, dont le sens littéral scandalise tant de malfaiteurs et dont la sublime interprétation par les symboles est pour jamais inaccessible à tous les goîtreux.

On croit tomber dans un abîme lorsqu’on songe que le mot : Égypte — Mizraïm en hébreu, — signifie littéralement Angoisse ou Tribulation ; que le premier Joseph, vendu par ses frères, si nettement figuratif du Verbe fait chair et qui fut obéi de tout ce royaume délivré par lui de la famine, « fut nommé en langue égyptienne : Sauveur du monde[1] » ; et que, par conséquent, Jésus lui-même, le « consommateur » ou concentrateur hypostatique des prophéties et des symboles, exclusivement venu de son Père afin de régner sur l’universelle Douleur, ne fit pas autre chose, après tout, quand il s’évada par l’opprobre de son supplice, que d’emporter avec lui les trésors d’angoisse héréditaire et les économies de tribulations qu’il avait empruntés, pour ne les rendre jamais, à tous ceux qui avaient mis leur confiance en lui.

  1. Genèse, XLI, 45.