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À MA FILLE AÎNÉE

VÉRONIQUE


Que ce livre te soit dédié, mon enfant bien-aimée. Il convient mieux qu’un autre à ton esprit grave, à ton âme inclinée vers la Douleur.

En le lisant, tu te souviendras de la multitude infinie des cœurs qui souffrent, des enfants de Dieu qu’on afflige, des tout petits qu’on écrase et qui n’ont pas de voix pour se plaindre.

Ton père a essayé de crier à leur place, de ramasser en une sorte de Miserere toutes les souffrances de ces lamentables. Tu sais de quel prix il en a payé le droit et à quelle école redoutable il s’est instruit.

Alors, ma Véronique, vraie image du Sauveur des pauvres, demande à ce Crucifié qu’il ne m’oublie pas — vivant ou mort — dans son Royaume éternel.

Léon Bloy.

Paris-Montmartre, fête du Précieux Sang, 1909.