Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/201

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pas d’être roi de Jésuralem, mais seulement Avoué ou Défenseur du Saint Sépulcre, « ne voulant pas », disent les Assises, « porter couronne d’or là où le Roi des rois porta couronne d’épines ». Il ne peut être question de royauté ni de couronne d’or pour le poète Morris Rosenfeld, mais jamais le pauvre n’eut un pareil défenseur. La Cité sainte de ses pères qu’il a conquise, c’est la poésie même qui est la Jérusalem des pauvres et des douloureux.

Poète des miséreux, miséreux lui-même et s’exprimant dans une langue de miséreux. « Ruinés et épuisés par le long exil, chassés et dispersés dans des pays étrangers, nous avons perdu notre langue sacrée et notre dignité de jadis et, aujourd’hui, nous devons nous contenter de soupirs exhalés dans un dialecte pauvre et ridiculisé que nous nous sommes appropriés pendant que nous traînions parmi les peuples ». Mais les poètes font ce qu’ils veulent. Ce jargon cosmopolite formé des guenilles de toutes les langues, il en a fait une musique de harpe lamentatrice.

Morris (Moïse-Jacob) Rosenfeld est né dans