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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/203

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Dites-moi, qu’y a-t-il donc ? Oh ! ce superbe petit, je le connais. Mon Dieu ! c’est mon enfance qui s’envole !


Source limpide qui devient bientôt un torrent de larmes amères. Le pauvre homme pourtant n’est pas un révolté. Sa nature ne le porte pas à crier vengeance : Vrai Juif lamentateur, il ne sait que pleurer sur ses frères malheureux encore plus que sur lui-même. Mais ses larmes ont une force d’invocation plus redoutable que les déchaînements du désespoir. Je ne sais vraiment pas s’il existe en poésie quelque chose de plus angoissant que la pièce qui a pour titre : À un nuage :


Arrête-toi, nuage sauvage, arrête.
Et dis-moi d’où tu viens et où tu vas.
Pourquoi es-tu si sombre, si lourd et si noir ?
J’ai peur de toi, tu effraies mon âme.

. . . . . . . . . . . . . .

Dis-moi : n’est-ce pas l’horrible vent de la Russie noire

Qui te chasse ici ?

. . . . . . . .

Peut-être portes-tu en toi

La vieille patience, qui bientôt
Éclatera, sanglante et sauvage.

. . . . . . . . . .