Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/220

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Après le cimetière des pauvres, c’est une sensation plus que bizarre de visiter le Cimetière des Chiens. Beaucoup de personnes ignorent probablement qu’il existe. Il va sans dire que c’est le cimetière des chiens riches, les chiens pauvres n’y ayant aucun droit.

Un certain effort n’est pas inutile pour s’habituer à cette pensée d’une nécropole de chiens. Cela existe pourtant à Asnières, dans une île, autrefois charmante, de la Seine. Oui, les chiens ont un cimetière, un vrai et beau cimetière avec concessions de trois à trente ans, caveau provisoire, monuments plus ou moins somptueux et même fosse commune pour les idolâtres économes, mais surtout, on le suppose, pour que les pauvres appartenant à l’espèce humaine soient mieux insultés.

L’article 5 du règlement est admirable : « Tous emblèmes religieux et tous monuments affectant la forme des sépultures humaines sont absolument prohibés dans le cimetière zoologique. » Le public est averti, par ce dernier mot, que le fondateur ou la fondatrice est une personne savante qui ne parle pas en