Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/63

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féroces et la misère dont abuse chiennement le flaireur du mont-de-piété, les Faublas et les Héloïses des fêtes galantes veulent absolument n’en rien savoir.

Sur le chemin de Cythère, un peu avant la guillotine où tout ce beau monde fit escale, il y avait le Hameau de Marie-Antoinette, où la pauvre reine, en robe de percale blanche et fichu de gaze, allait voir traire les vaches, idylle villageoise qui avait coûté cent mille écus. C’était l’extrême concession. Tous les bergers de France devaient avoir des houlettes et garder bucoliquement des moutons enrubannés, dans des paysages de frontispice, en jouant de la flûte avec des bergères couronnées de roses…

Aujourd’hui que la géographie est mieux connue, on s’embarque sûr d’autres bateaux. On sait positivement que le pauvre existe et qu’il est en viande. Cela suffit pour la table et pour l’alcôve. Le miséreux est un condiment, il a la valeur d’une truffe ou d’un aphrodisiaque. — Écrase-moi ce vieux, dit la baronne à son chauffeur, et j’irai de mon voyage.

Sur sa montagne de la Salette, Celle qui