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Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/95

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même de Jésus-Christ. Il est nécessaire qu’il y ait des pauvres et, s’il n’y en a pas assez, il faut en faire. « Heureux les pauvres », est-il dit encore. En les multipliant, vous multiplierez le nombre des heureux. Et comme l’exemple donne force au précepte, il convient que de tels apôtres soient riches eux-mêmes ou qu’ils le deviennent par le moyen de la maîtrise ou de la domesticité chez les millionnaires.

Jésus est sur l’autel, dans son tabernacle. Qu’il y reste. Nous autres, les ministres, nous sommes à notre affaire qui est d’attraper de l’argent par tous les moyens compatibles ou incompatibles avec la dignité de notre soutane. Les pauvres doivent se résigner. Dieu leur mesure le vent comme à la brebis tondue. Et les riches doivent se résigner aussi. Chacun son fardeau. Il serait injuste et déraisonnable d’exiger qu’ils prissent le fardeau des pauvres en les écrasant du leur.

Si vous avez des millions, mon très-cher frère, c’est un dépôt que la sagesse divine vous a confié. Vous devez le conserver intact pour vos enfants, le faire fructifier, autant que