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françois coppée

sensibles résistent à ça ? « Lui, l’amoureux et le poète…, lui de qui, jadis, toute fleur avait le baiser[1]… il a appris dans l’Évangile l’art de souffrir et de mourir. » Celui de raser, il l’avait appris auparavant. « Les démons impurs qui troublaient et possédaient son âme en sont à jamais chassés… Sa conscience est devenue plus exigeante… Pourtant il n’a rien d’essentiel à se reprocher, sinon d’avoir fait pleurer sa mère, sa sainte mère !… Et si, parfois encore, il chancelle et s’il a peur, comme saint Pierre en marchant sur les flots[2] », dites-vous qu’il est bientôt rassuré par « les ailes d’ange, qui lui poussent aussitôt après une absolution[3] ». La Bonne Souffrance fourmille de ces expressions rafraîchissantes. Il faudrait tout citer, tout

  1. La Bonne Souffrance, page 30.
  2. Idem, page 200.
  3. Un jour, en 1900, à Copenhague, on me demanda ce que je pensais de La Bonne Souffrance. — C’est un lavement rendu, répondis-je. Concise appréciation qui fut goûtée. On était à table. De telles paroles ont le pouvoir de réconcilier beaucoup avec la vie.