Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/181

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pas de lui écrire de sa patte redoutée, et plus souvent encore, M. Stieber, Directeur général de la Police de campagne du Quartier général prussien de Sa Majesté (!).

Je respecte trop mes lecteurs pour leur infliger la lecture en allemand de ce titre magnifique.

Personne, bien entendu, ne recevait les confidences du destinataire que les chefs les plus insolents voyaient passer avec crainte. Quelque pochard que fût un intraitable pandour habitué à rosser ses chiens de bataille, il s’équilibrait aussitôt que tombait sur lui le regard de ce religieux dont l’apparition dessaoûlait instantanément les états-majors.

Quand il ne condescendait pas à narrer de monstrueuses cochonneries, l’effet infaillible de sa présence rappelait avec force le mot de Heine : « Ils ont l’air d’avoir avalé le bâton avec lequel on les assommait jadis. »

D’où sortait-il et que faisait-il au milieu des soldats ? Mystère.

Ce qu’on sait bien, par exemple, c’était sa haine de la France. Ce sentiment-là, il ne le cachait guère et ne laissait même échapper aucune occasion d’en faire étalage.

Mais cette haine qui avait les caractères de l’hydrophobie était aussi peu explicable que lui-même, car il détestait ou paraissait détester la France beaucoup moins comme Allemand que comme Prêtre — tout sale prêtre qu’il fût.