Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/268

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l’émission suffisaient pour constituer une sorte d’alphabet analogue à celui employé dans la télégraphie électrique.

Dans les circonstances ordinaires, la communication s’établissait par des lanternes qui paraissaient et disparaissaient au loin, véritables feux follets sur la lisière des bois ou sur la crête des collines.

Je me souviens même que, parfois, nos pas en frappant le sol, firent jaillir des étincelles et nous reconnûmes que du phosphore avait été répandu avec intention sur la route.

En plein jour, nous remarquâmes aussi très souvent que les sentinelles correspondaient entre elles par des mouvements exécutés avec le fusil et que les vedettes, bien que postées quelquefois à une grande distance les unes des autres, apprenaient toutes, au même instant, qu’un danger était proche. Dans ce cas, c’était le cheval qui parlait en se tournant à droite ou à gauche, en se présentant de face, en pirouettant ou en pliant sur ses jarrets. Chacune de ses évolutions avait un sens particulier.

Enfin nous eûmes la preuve que la population des campagnes fut souvent complice de l’ennemi. Le meunier, par exemple, en faisant tourner les ailes de son moulin d’une certaine façon ; le bûcheron en plaçant au bord de la route un nombre déterminé de fagots ou en faisant une entaille à un certain arbre, etc., etc.