Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que s’il a le front de venir lui-même à bonne portée, je le recevrai comme il faut. Quant à toi, monsieur le messager, je te tiens pour un espion et je t’ordonne de te retirer à l’instant.

— Oh ! graf ! seigneur graf ! vous parlez comme quelqu’un qui méprise très la vie.

— Infidèle ! je ne méprise pas les dons de Dieu, pas même la mort qu’il lui plut d’endurer pour tous les hommes. Une dernière fois, je te somme de t’éloigner ou je fais tirer sur toi.

Mecklembourg, informé de ce résultat, se mit en fureur et parla sur-le-champ de bombarder la pauvre bicoque.

Mais quelque habitué que fût l’entourage à de semblables pratiques, c’était si monstrueux, cette fois, que les lieutenants de cet Alexandre des latrines protestèrent.

Il craignit alors le ridicule et donna l’ordre simplement d’aller enfoncer la porte et de lui amener le maniaque.

Or, les soudrilles qu’on chargea de l’expédition n’en furent pas les bons marchands, comme on disait autrefois. Car il arriva que le vicomte Armor redevint miraculeusement un jeune homme pendant les quelques minutes qu’il fallut à ces barbares pour le massacrer.

Un souffle pur, venu d’infiniment loin, passa sur cette âme vierge qui ne savait rien de la turpitude contemporaine, l’emplissant de rumeurs sublimes : Tibériade, Saint-Jean-d’Acre, la Mas-