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sueur de sang

Mame, dorés sur tranche et reliés en maroquin noir.

Il sembla qu’un large pinceau trempé de céruse venait de passer sur tous ces visages d’adolescents pleins de ferveur. L’un d’eux, un joli bonhomme de dix-neuf ans, qui allait servir la messe et qu’ondoya le sang du prêtre, s’évanouit.

C’étaient des guerriers sans expérience qui n’avaient jamais vu chose pareille chez leurs mamans. Pleins d’enthousiasme, ils s’étaient engagés de tout leur cœur, un mois auparavant, sous un chef dont le Nom célèbre évoquait tous les héroïsmes de la Vendée militaire et ils avaient promis, comme de braves enfants qu’ils étaient, de ne déposer les armes que lorsque le Roi légitime serait assis sur son trône.

C’était tellement infaillible ! Les bons Pères leur avaient fait lire tant de prophéties formelles et circonstanciées relatives à ce Grand Monarque et à cet Admirable Pontife qui devaient régner ensemble sur toute la terre, qu’il eût été vraiment difficile de ne pas les reconnaître en la grandeur géminée de Pie IX et du Comte de Chambord.

Sur ce point, les témoignages étaient unanimes, depuis l’évêque Amadée et le Bienheureux Théolophre qui fonctionnèrent aux environs du xiie siècle jusqu’au Solitaire d’Orval et au vénérable commentateur Holzhauser, confirmés en leurs assertions par les plus récents inspirés.

Ils étaient donc arrivés de diverses provinces de l’Ouest, en chantant des choses décisives telles