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Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/83

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noël prussien

tendez-vous ? et tous vos soldats ne m’empêcheront pas de vous dire que c’est une honte de venir vous moquer d’un pauvre prêtre. Livrez-moi donc à vos bourreaux, j’y suis préparé. Je supporterai les plus cruels tourments, s’il est nécessaire, avec la grâce de Notre-Seigneur qui en a vu bien d’autres et qui saura fortifier son témoin.

Il suffoquait. Emporté même par son zèle d’holocauste, il eut, en effet, un geste de témoin qui détermina l’éboulement d’une masse considérable de petits moellons étiquetés avec amour, dont quelques-uns roulèrent jusqu’aux pieds du proconsul.

Celui-ci, demeuré fort impassible, recula tranquillement sa botte et reprit avec la même politesse :

— Monsieur le Curé, j’ai eu l’honneur de vous dire que je suis catholique. Je vous le dis encore, très sérieusement.

Il y eut un silence pendant lequel on vit remuer les lèvres du candide prêtre, foudroyé de cette révélation.

L’Allemand tira sa montre et continua sans changer de ton :

— Dix heures et demie. Je dois être à mon poste à quatre heures du matin. Je n’ai pas de temps à dissiper en paroles vaines. Veuillez donc faire préparer la cérémonie et vous préparer vous-même à entendre la confession de ceux d’entre nous qui parlent français et qui désirent communier cette nuit. En cas de refus, à minuit cinq, je donnerai l’ordre d’incendier le village