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l’enfant terrible

l’ostensoir du Dieu vivant qu’il voyait toujours fulgurer, en ce crépuscule des âges, par dessus les cadavres asphyxiants de ses délétères adorateurs. Il écrivit où il put, dans des milieux indifférents ou hostiles à l’orthodoxie de sa pensée, assuré d’atteindre, malgré tout, les rares cerveaux à la débandade qui sont tout l’auditoire dont un artiste supérieur doit se contenter.

Il lança sur le monde quelques grands livres autour desquels s’amassèrent, avec une admirative mais circonspecte lenteur, les gens amoureux de ce qui leur paraît descendre du ciel.

D’imbéciles gémissements furent entendus chez les catholiques épouvantés et dolents du déshonneur d’être épousés par un aussi grand écrivain, et c’est ainsi qu’il est devenu, pour les pasteurs de cet incomestible troupeau, l’enfant terrible qui les abreuve de tant d’absinthe, — ces Janissaires fainéants de l’Apostolat !