Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/173

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objectif reste, pour reprendre l’expression du communiqué de Londres, au mois de juillet, le règlement d’ensemble des problèmes européens. Nous avons prouvé que, pour y parvenir, nous étions prêts à fournir la contribution la plus franche, la plus désintéressée, je dirais presque, la plus méritoire, mais c’est en vue d’un règlement général, ou à l’intérieur d’un règlement général, que nous recherchons la solution du problème franco-allemand.

Je continue à croire le règlement possible si toutes les nations d’Europe y apportent une égale bonne volonté, mais je pense, comme l’a dit M. Eden dans son discours de mardi aux Communes, qu’à l’heure présente, cette possibilité dépend essentiellement de l’Allemagne. Je voudrais m’exprimer sur ce point avec une entière franchise. On voit, en ce moment même, l’État allemand tendre toute sa science d’organisation et toute la puissance de sa volonté nationale pour surmonter de graves difficultés d’ordre économique. L’idée est donc née spontanément dans beaucoup d’esprits d’une sorte d’échange, d’une sorte de contrat, aux termes duquel l’Allemagne recevrait, dans l’ordre économique, un concours qu’elle compenserait par une participation satisfaisante au règlement pacifique de la situation européenne. Je ne voudrais pas me placer sur ce terrain.

Je ne pense pas que nous devions proposer à l’Allemagne rien qui ressemble à un marché. Nous avons un sentiment trop profond de notre dignité nationale, nous sommes trop résolus, le cas échéant, à en imposer le respect, pour ne pas respecter nous-mêmes la dignité des autres nations. Nous sommes encore plus éloignés de concevoir l’idée, à la fois fausse et périlleuse, que l’aggravation des difficultés économiques de l’Allemagne pourrait un jour la contraindre à demander un secours et à subir des conditions. Enfin, nous nous