Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/184

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tional, des livraisons d’armes pourraient être faites à ce Gouvernement rebelle aussi bien qu’au Gouvernement régulier.

Cette reconnaissance de fait, il y a eu des moments où elle a paru possible ; dans certaines éventualités, elle le deviendrait encore demain. En tout cas, dans la réalité des choses, tout s’est passé comme si certaines puissances avaient reconnu le Gouvernement rebelle comme un Gouvernement de fait et s’étaient jugées en droit de livrer des armes à ce soi-disant Gouvernement de fait aussi bien que d’autres pouvaient le faire au Gouvernement régulier.

Vous me dites : « Cela est contraire au droit international. » Peut-être. Pour assurer alors l’observation stricte du droit international, que d’ailleurs il devient si aisé de tourner, quel autre moyen auriez-vous vu que la force ? Quel autre moyen auriez-vous vu que la sommation, que l’ultimatum, avec toutes ses conséquences possibles ?

Camarades, je vous parle gravement, je le sais, je suis venu ici pour cela. Je sais bien ce que chacun de vous souhaite au fond de lui-même. Je le sais très bien. Je le comprends très bien. Vous voudriez qu’on arrivât à une situation telle que les livraisons d’armes puissent être faites au profit du gouvernement régulier et ne puissent pas l’être au profit des forces rebelles. Naturellement, vous désirez cela. Dans d’autres pays, on désire exactement l’inverse.

J’ai traduit votre pensée ! Mais, comprenez également qu’ailleurs, on veut agir de telle sorte que les rebelles soient munis sans que le gouvernement régulier reçoive quelque chose.

Alors, à moins de faire triompher la rigueur du droit international par la force et à moins aussi que l’égalité, même sur le plan du droit international, ne soit rétablie par la reconnaissance de fait, devant quelle situation se trouve-t-on ? N’espérez