Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/192

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fatale. Jusqu’à la dernière limite de mon pouvoir et jusqu’au dernier souffle de ma vie, s’il le faut, je ferai tout pour la détourner de ce pays.

Vous m’entendez bien : tout pour écarter le risque prochain, présent, de guerre. Je refuse de considérer aujourd’hui la guerre comme possible parce qu’elle serait nécessaire ou fatale demain. La guerre est possible quand on l’admet comme possible ; fatale, quand on la proclame fatale. Et moi, jusqu’au bout, je me refuse à désespérer de la paix et de l’action de la nation française pour la pacification.

Eh bien, mes amis, c’était pour moi un besoin, non seulement de conscience, mais un besoin presque physique, de vous parler aujourd’hui comme je l’ai fait.

Je me suis demandé un peu gravement, un peu amèrement, dans notre Conseil national, si je trouverais en moi la volonté, la substance d’un chef. Je n’en sais rien. Quand je reprends avec quelque sévérité critique l’histoire de ces trois mois, il peut y avoir bien des circonstances où je ne suis pas pleinement satisfait de moi-même, où un autre aurait pu faire mieux que je n’ai fait. Oui, je sais ce que je dis, je le sais mieux que vous ! Seulement, il y a deux choses qu’on ne pourra jamais me reprocher ; le manque de courage et le manque de fidélité.

Le courage, je crois qu’en étant ici à cette heure, en vous parlant comme je viens de le faire, je vous en ai donné un témoignage.

Ma fidélité ne faillira pas davantage ; fidélité aux engagements pris envers mon Parti, fidélité aux engagements pris envers la majorité électorale, fidélité aux engagements souscrits avec les autres éléments du Rassemblement Populaire, fidélité aussi, laissez-moi vous le dire, à moi-même, aux pensées, aux convictions, à la foi qui ont été celles de toute ma vie et dans lesquelles j’ai grandi et vécu, comme vous et avec vous.