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Les représentants des groupes de gauche nous ont exprimé leur crainte que des textes comme les articles 14, 15 et 15 bis ne donnassent l’impression que, dans notre sentiment et dans celui de la Chambre, la dévaluation devait être fatalement, mécaniquement, immédiatement génératrice de hausse des prix de détail.

On nous a dit : Des textes comme ceux-là, on les traduira dans l’opinion par le sentiment que la hausse va être si brusque, si rapide, si prononcée, que le Parlement a jugé utile, dès à présent, de parer à ses conséquences par des mesures appropriées.

Nous avons jugé que cette appréhension, telle qu’on nous l’exprimait, n’était nullement sans fondement.

Il est certain, comme M. Elbel nous l’a montré tout à l’heure, que, théoriquement — je dis théoriquement — la dévaluation ne doit, en effet, entraîner une hausse de prix que sur les matières premières ou sur les marchandises importées ; que, même en ce qui concerne les matières premières ou les marchandises importées, une compensation peut se trouver, d’une part, dans le jeu du régime douanier, d’autre part, dans la compression d’autres éléments des prix de revient, tels que l’abondance des capitaux, l’abaissement du taux de l’intérêt, l’accroissement de la consommation générale et la division des charges fixes des entreprises entre un plus grand nombre d’unités, ou leur répartition sur un chiffre d’affaires plus élevé.

Nous avons été sensibles à cet argument. Nous avons craint, en effet, en précisant trop exactement les remèdes qu’il convenait d’apporter à la hausse, d’avoir l’air de la prévoir et presque de la légitimer à force de la prévoir.

Dans ces conditions, nous avons accepté un texte qui, d’une part, remettait entre nos mains