Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/246

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devoir, c’est avant tout de considérer les intérêts collectifs dont il a la charge.

Vous avez, messieurs, applaudi, par exemple, il y a bien des années, un homme qui a été longtemps l’honneur de cette Assemblée, Waldeck-Rousseau, qui se justifiait devant vous d’avoir admis le défilé du drapeau rouge dans les grèves, ou d’avoir refusé de faire intervenir l’armée pour protéger la liberté du travail. Oui, messieurs, et quel est l’homme politique qui puisse raisonner autrement ? Les droits individuels, comme le droit de propriété de l’exploitant industriel sur son usine, sont choses assurément sacrées ; mais il y a dans un pays des intérêts collectifs qui, aux yeux de tout homme de Gouvernement, doivent encore prévaloir.

Quand nous avons pris le pouvoir il y a quatre mois, qui donc aurait soutenu que le devoir du Gouvernement était de faire prévaloir le droit individuel, le droit de propriété de l’exploitant industriel contre ces intérêts collectifs qui s’appellent la paix publique et la paix sociale ? Personne, messieurs, personne ne nous l’a demandé. Personne à ce moment n’a soutenu une pareille thèse, pas même — et je leur rends cet hommage — les représentants du patronat.

Qui aurait soutenu cela ? J’ai dit un jour à la Chambre à l’opposition qui, dès cette époque, m’attaquait sur ce terrain : « Vous me demandez d’user de la force en ce moment ? Vous me conseillez d’employer la garde mobile ou peut-être l’armée pour faire évacuer les usines de la métallurgie parisienne ? Est-ce cela que vous me demandez ? » Toutes les voix se sont élevées : non, non ! ce n’est pas cela !

Pour ma part, j’affirme que, dans cette période, le devoir de tout chef de Gouvernement, et à plus forte raison de tout chef de Gouvernement républicain, était avant tout d’apaiser un conflit qui