Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/268

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crédit auprès de ses lecteurs eux-mêmes et qu’elle laisse ainsi une masse énorme de l’opinion publique sans direction réelle. Il n’y a pas un de nos camarades de province qui ne sache que tel ou tel grand journal, lu partout dans sa circonscription, n’exerce cependant aucune influence sur la pensée des hommes mêmes qui le lisent.

S’il fallait, par exemple, que tous les lecteurs de tel ou tel journal fussent des électeurs de tel ou tel parti, il n’y a peut-être pas trente de nos camarades qui auraient été élus aux dernières élections générales. Si nous avons ainsi recueilli tant de voix, malgré la grande presse, contre la grande presse, c’est donc que son influence politique et morale est en décroissance constante et c’est un phénomène malheureux. C’est une chose malheureuse pour le pays que cette espèce de direction honnête et loyale, bien que partiale en un sens, que devrait exercer la grande presse, soit en train de disparaître en France, car cette disparition de l’influence morale et politique de la grande presse livre alors le pays aux courants d’opinion chaotiques ou absurdes. C’est, à mon sens, un très grand danger dont je suis étonné que les dirigeants de certains grands journaux ne se rendent pas mieux compte.

Quant à ce que nous voulons faire concernant la presse, Paul Faure vous l’a dit. Il a remercié, et je remercie à mon tour Maurice Paz, qui nous a prêté un si précieux concours dans l’élaboration du texte que nous soumettrons sans délai au Conseil des Ministres.

Nous voulons que la loi sur la presse permette à la personne diffamée d’obtenir du diffamateur une réparation suffisante. Croyez-vous, par exemple, que si les journaux qui ont mené contre notre ami Roger Salengro l’atroce campagne à laquelle nous venons j’espère de couper court, s’étaient su exposés, comme dans la législation anglaise par exem-