Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/27

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— que le retour à une activité normale, résoudrait de lui-même le problème budgétaire, puisque le déficit n’est pas une des causes de la crise, mais l’une de ses incidences ou l’une de ses manifestations.

Aucun de vous ne l’ignore plus, chers citoyens. Les faits ont décidé entre nos contradicteurs et nous. Il n’y a plus qu’à s’incliner devant leur arrêt souverain. La déflation poursuivie en France avec une obstination de plus en plus sévère a subi, en France comme partout ailleurs, un échec total. La misère va croissant. Ni le nombre des chômeurs, ni le nombre des faillites n’a diminué. Le commerce et l’industrie s’enlisent dans le même marasme. Les cours agricoles se sont légèrement relevés, — par une coïncidence assurément fortuite avec la période électorale — mais cette hausse tardive et précaire ne profite plus au producteur. Quant au budget, les compressions de crédits ont été constamment dépassées par les moins-values de recettes. Après quinze lois ou décrets-lois de déflation, le budget de 1935 se boucle par un déficit de 7 à 8 milliards. Le budget en cours, celui de 1936, recèle un déficit au moins égal, que masquent seuls des artifices comptables. Cette fois encore, nous avons donc le droit de vous répéter : « Nous avions vu clair. Nous avons eu raison. Faites-nous confiance et venez à nous. Nous avons le droit de revendiquer devant vous deux mérites : la clairvoyance et la constance avec nous-mêmes. Nous ne nous sommes pas trompés et nous n’avons pas changé… Quand tant de choses, tant d’hommes, tant de partis changeaient autour de nous, nous sommes restés invariables dans notre ligne, dans la ligne que nous traçait la projection de notre doctrine sur la réalité. C’est dans cette voie que nous vous demandons encore aujourd’hui de nous suivre, forts de l’épreuve des faits et de l’accablante justification qu’elle nous apporte… »