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bitrage obligatoire. Logiquement, historiquement, ce sont les organisations ouvrières qui devraient s’y déclarer hostiles ; ce sont les organisations patronales qui devraient s’y déclarer favorables. Et c’est, au contraire, du côté du patronat que nous rencontrons aujourd’hui une résistance.

La collaboration, la rencontre, le travail commun entre organisations ouvrières et organisations patronales, il semble que ce soit aujourd’hui une partie, tout au moins, du patronat, qui s’y refuse, tandis que les organisations représentatives de la classe ouvrière les acceptent, et même nous demandent de les provoquer. Quelle étrange situation, camarades !

Je n’ai pas à parler ici au nom des représentants du patronat. Je n’ai pas à rechercher quels sont leurs mobiles. Il y a quelque chose que, sans nulle précaution oratoire, je me refuse, au fond de moi-même, à croire. Je ne veux pas croire qu’aujourd’hui, croyant plus propices les circonstances générales, le patronat cherche à pousser à de nouveaux conflits sociaux, qu’il essaie de ranimer des formes de souveraineté patronale qui sont à jamais abolies, qu’il essaie de revenir sur des réformes ouvrières qui sont à jamais inscrites dans nos codes, et inscrites dans la vie sociale elle-même.

Mais je crois pouvoir vous rendre compte des intentions qui animent les organisations de la classe ouvrière. Elles ont infiniment grandi en force, depuis quelques mois. Et, à mesure que la puissance de l’organisation ouvrière croît, ses tactiques et ses méthodes d’action évoluent.

Aujourd’hui, l’organisation ouvrière est devenue si forte et si puissante qu’elle a le sentiment de sa responsabilité dans la vie nationale elle-même. Elle se rend compte des conditions générales, des conditions à la fois matérielles et morales, qui sont nécessaires pour que les réformes votées, — réformes si profondes, qui constituent presque un ordre