Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/43

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inopinée et improvisée, au milieu du tumulte public déchaîné.

Je ne parle pas ainsi, je vous prie de le croire, par pusillanimité ; nous connaissons notre force ; mais la vraie force est patiente, elle sait rester maîtresse d’elle-même quand il le faut. Je crois donc que nous n’avons pas commis la faute ou l’erreur de jugement que l’on nous reproche, et je tiens à déclarer devant vous que, dans cette période assurément difficile, nous n’avons reculé et nous ne reculerons le cas échéant devant aucune responsabilité qui nous soit propre. Nous n’avons accepté et n’accepterons aucun partage d’autorité ou de responsabilité et nous n’aliénerons aucune parcelle de notre responsabilité. Nous n’avons donné, et d’ailleurs, il n’est que loyal de le reconnaître, on ne nous a demandé, aucun conseil, mais c’était notre intérêt, comme c’était notre devoir de continuer à calmer l’émotion publique et de faciliter l’effort loyal par lequel M. Albert Sarraut s’est efforcé de ménager une transition aussi aisée que possible entre les deux législatures et les deux gouvernements. Je manquerais à la bonne foi et à la probité si je ne faisais pas la déclaration que je viens de faire.

Mais alors je sais bien que vous pouvez me répondre : « Puisque nous avons été si sages, alors pourquoi l’émigration persiste-t-elle, pourquoi l’émigration des capitaux et quelquefois des capitalistes, pourquoi la saignée de l’or, pourquoi ces achats de devises étrangères, pourquoi, cette baisse sur les valeurs françaises ? »

En pressant de questions ceux qui nous parlent de ces alarmes publiques et de ces dangers, ils finissent par nous répondre : « Ah ! Si l’opinion est si troublée, si inquiète, c’est qu’elle ne sait rien de vos projets ; les ignorant, elle vous en prête bien entendu d’insensés, d’extravagants, de terribles. »

On ignore nos projets ! Nous avons pourtant fait