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Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/45

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d’hui qu’ils ont échoué, c’est le pays qui le leur a dit. Le verdict du pays est catégorique et définitif sur ce point.

Par conséquent, nous venons pour faire autre chose, nous venons pour que cela change, nous venons pour réaliser ce à quoi le pays aspire clairement : le pays est las des privations, il est las des pénitences parce qu’elles ne lui ont pas rendu la santé, parce qu’au contraire, elles ont aggravé le mal dont il souffrait, parce que, par surcroît, il sait qu’elles sont absurdes et qu’elles sont iniques, dans un moment de la civilisation où le progrès scientifique et technique au service de la justice suffirait pour tous.

Tous nos efforts vont tendre à créer, à régénérer, à stimuler au lieu de rationner, d’interdire et de détruire comme on l’a fait. L’intervention de l’État, je le répète, nous voulons l’appliquer et nous l’appliquerons à tous les centres nerveux du corps économique pour lui rendre une vigueur, pour lui rendre une allégresse, cette allégresse qu’un convalescent éprouve quand il fait ses premières sorties, et qu’il sent à nouveau le sang affluer à la surface de son corps.

Aujourd’hui, il y a des centaines et des centaines de milliers d’hommes qui ne travaillent pas, il y en a des millions qui travaillent pour des salaires de famine. Toutes les classes paysannes, tous les commerçants ont presque perdu le goût du travail parce que le travail ne leur assure plus la sécurité et ne leur assure plus cette petite parcelle de bien-être nécessaire.

Il y a la jeunesse, dont le cas est plus tragique que tous les autres, car, je peux bien le dire à mon âge, qu’est-ce que c’est que la vie sans la jeunesse, et qu’est-ce que c’est que la jeunesse quand elle ne connaît plus l’espoir ?

Nous voulons ranimer l’espoir, nous voulons lutter contre la misère, comme le disait fortement