Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/60

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les difficultés de la tâche échappent ou soient insensibles. Je les connaissais déjà, je les connais peut-être encore mieux depuis quelques semaines.

Déjà, au Conseil National, j’avais eu l’occasion de vous entretenir des premières difficultés auxquelles nous nous heurtions avant même d’approcher du pouvoir. Je vous avais parlé de la panique monétaire. Vous savez que depuis lors il y a eu, dans le développement de cette panique, une rémission, et que les choses se sont, au moins pour l’instant, arrêtées. Mais nous nous trouverons assurément en face de cette difficulté supplémentaire d’une large émigration de capitaux ajoutée à une thésaurisation intérieure qui était déjà depuis longtemps un fait accompli.

Je ne veux pas insister là-dessus, mais je voudrais dire un mot, car c’est mon devoir, de cette espèce de panique sociale qui, au cours de ces derniers jours, est venue remplacer la panique monétaire.

Vous savez ce qui s’était passé. Vous avez pu juger par vous-mêmes de quels commentaires les faits étaient entourés. C’était, bien entendu, un thème facile. On disait dans les journaux — bien que la presse ait été dirigée, je dois le reconnaître, avec une savante prudence — on disait dans les couloirs de la Chambre :

« Comment ? n’est-ce pas vraiment extraordinaire ? Voilà des ouvriers qui viennent demander aux patrons la semaine de 40 heures et des congés payés. Mais ne viennent-ils pas de pousser au pouvoir avec la grande vague du Front Populaire, un gouvernement dont, assurément les premiers actes seront de demander au Parlement le vote de la loi de 40 heures et les congés payés ?… »

On disait encore, en nous entourant d’une compassion dont nous sommes tout à fait touchés et dont nous remercions ceux qui l’exprimaient : « Faites bien attention à vos alliés de gauche. Vous